Tantonville, 1880 ; Vaudémont, 1942

 
1919

 
H. 37,5 cm ; l. 52 cm (sans cadre) ; H. 45 cm ; l. 60,5 cm (avec cadre)

 
M0536_C.1418.1

 
Né en 1880 à Tantonville en Meurthe-et-Moselle, Victor Guillaume passe vraisemblablement une enfance paisible dans un environnement rural et modeste. Au moment de l’émergence de l’École de Nancy et de l’effervescence autour de l’Art nouveau, il intègre l’atelier d’Eugène Vallin et se destine à l’ébénisterie et à la sculpture sur bois. Il suit son apprentissage chez maître Camille, dont il épouse la fille Héloïse en 1904. Son cercle professionnel et amical se compose des fondateurs de l’École de Nancy : il côtoie Émile Gallé, Victor Prouvé, Michel Colle ou Charles de Meixmoron dans l’atelier d’Eugène Vallin, haut lieu d’expérimentation et d’échanges de l’Art nouveau nancéien.
Victor Guillaume crée son propre atelier de plâtrerie décorative dont il fait une de ses spécialités. Il participe à plusieurs concours, avant de débuter une carrière de peintre en 1908. La campagne lorraine et ses nombreuses variations deviennent son sujet de prédilection. Eugène Corbin, célèbre mécène des artistes nancéiens, le repère rapidement et devient un fidèle soutien. Il intègre le courant de la Jeune École lorraine, aux côtés de Michel Colle, d’Ernest Ventrillon et de Paul Collin.
Son emménagement en 1912 à Lay-saint-Christophe confirme son éloignement de l’École de Nancy, renforcé par la Première Guerre mondiale. Son goût pour la liberté et son indépendance d’esprit en font un artiste inclassable et d’avant-garde. Il s’intéresse aux œuvres de Gauguin et de Cézanne, dont il puise une certaine inspiration. Membre du comité Nancy-Paris, il soutient le président Georges Sadoul quand ce dernier impose l’avant-garde parisienne et les Surréalistes lors de l’exposition annuelle du comité en 1926. Victor Guillaume poursuit la peinture de paysage et développe ses sujets par ses voyages, en France et en Europe. La fin de sa vie est marquée par son installation à Vaudémont où son existence se termine dans la pauvreté.
Sa production est abondante et se compose de peintures, de pastels, de dessins à l’aquarelle ou au fusain. L’immédiateté de la technique du pastel, sa facilité d’accès, sans temps de préparation, ni de séchage, séduisent Victor Guillaume : il traduit ainsi les variations chromatiques offertes par les phénomènes naturels. Avec ces quatre pastels qui représentent la colline de Sion-Vaudémont et la campagne lorraine, il laisse libre cours à sa vision des couleurs, en s’attachant à leurs variations plutôt qu’à une représentation formelle du paysage.
Les artistes ont quitté leur atelier depuis près d’un siècle afin de peindre en plein air le paysage, en ayant la vision de la nature sous leurs yeux. La seconde moitié du XIXe siècle, prélude à la modernité, libère les artistes de leurs carcans académiques avec la naissance de l’Impressionnisme dans les années 1860. La captation du moment présent, l’éloge de la lumière et de la couleur, ainsi que l’économie de geste distinguent les paysages de Victor Guillaume, qui puise, comme Cézanne avec la Montagne Sainte-Victoire, d’infinies déclinaisons dans les collines de Sion. L’association des différentes gammes de couleurs pourraient s’apparenter à une tentative de libération de la couleur dans une démarche proche du fauvisme.