Nature morte ; © PHILIPPOT Claude
Nature morte
 
Malzéville, 1891 ; Malzéville, 1948

 
1939

 
H. 50 cm ; l. 65 cm

 
M0536_2018.0.90

 
Devenu un genre à part entière dans le domaine des arts graphiques, le pastel demeure propice à l’expression des couleurs. Entre académisme et recherches esthétiques, les artistes poursuivent l’expérimentation de cette technique aux infinies variations. De nombreux graveurs pratiquent le pastel, comme pendant coloré et instantané à la gravure en noir et blanc dont le processus de réalisation est plus long et plus technique.
D’origine lorraine, Étienne Cournault est né à Malzéville (Meurthe-et-Moselle) en 1891 dans une famille aisée. Il baigne dans le milieu intellectuel et artistique nancéien par l’intermédiaire de son grand-père Charles Cournault, archéologue et passionné du Proche-Orient. Il prend des cours de dessin à l’École de Beaux-Arts de Nancy avant de s’installer à Paris en 1920. Cournault s’intéresse alors à l’Avant-Garde et formule de nouvelles propositions plastiques en verre (miroirs peints et gravés), au sable ou sur fresque. L’artiste s’illustre dans l’art de la gravure et est un des fondateurs de la Jeune Gravure contemporaine en 1928.
La pratique du pastel est récurrente dans l’œuvre de Cournault mais n’égale toutefois pas la gravure. Le pastel a pourtant traversé toute l’œuvre d’Étienne Cournault : l’artiste s’exprime, la plupart du temps sur de grands formats, par de grands aplats de matière vive et colorée, aux accents parfois fauves. Nature morte, portrait, scène de genre, cela a peu d’importance pour lui : il saisit la rapidité d’exécution comme un instant volé au moment même de son inspiration. Toutefois peu présent dans les collections publiques, son œuvre recenserait neuf cents pastels.
Dans cette nature morte sur papier gris, le pastel est travaillé à l’estompe de manière subtile. L’explosion de couleurs du bouquet s’approche du tachisme du début du XXe siècle. Le travail de nuance du vert de la cruche offre un effet de transparence du verre, tandis que le velouté de la pêche est restitué par le rendu poudré de la matière. Cournault a joué ici les effets de matière, en associant les couleurs et leurs variations de texture, à l’image également des plis du torchon blanc.