Fondettes, 1902 ; (?), 2000

 
 
1949 vers

 
H. 25 cm ; l. 32,5 cm (sans cadre)

 
M0536_2018.0.91

 
Origine de Touraine, Louis Marchand exerce le métier de jardinier avant de rallier la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat en 1934 pour l’entretien des jardins de la villa Ephrussi de Rothschild. Il est alors amené à côtoyer le milieu artistique de l’époque : artistes, galeristes et agents. Installé dans les sous-sols du musée Île-de-France, nom d’origine de la villa Ephrussi, Marchand des Raux réalise scènes de genre et natures mortes. Il relate sous son pinceau ou ses bâtonnets de pastel ses différentes rencontres. Son style coloré et géométrique s’approche de la manière de Soutine. Ses compositions naïves sont teintés d’humour et reflètent une perception du monde toute personnelle : scène paysanne, sujets religieux, contes de Perrault, grands de la Cour d’Espagne ou univers de cirque sont autant de thèmes qui ont inspiré et passionné l’artiste.
L’effervescence artistique de la Côte d’Azur dans les années 1960 et le développement des galeries permettent à Marchand des Raux de se constituer une clientèle d’amateurs, en France et aux États-Unis. Le point culminant de sa carrière est la réalisation de décors de la chapelle de Sainte-Hospice, consacrée au moine ermite du même nom. Marchand des Raux réalise une série de vingt-sept pastels préparatoires qui seront reproduits à l’échelle dans la chapelle.

L’entrée de l’artiste dans les collections du Musée départemental s’est concrétisée sous l’impulsion du conservateur André Jacquemin par l’acquisition d’une huile sur toile en 1965. Nous supposons que l’intégration du pastel dans les collections est concomitante à cet achat au collectionneur Ganaye à Nice.

La scène de ce pastel peut s’apparenter à l’entrée de Jésus à Jérusalem. Il est assis à califourchon sur un âne, la tête coiffée d’une couronne comme dans la tradition orientale. Le personnage qui le suit pourrait être l’apôtre Pierre. Toutefois la femme représentée à l’avant n’est pas identifiée. Les fleurs aux extrémités dorées sont semblables aux rameaux et branches recueillis par les fidèles pour célébrer l’arrivée de Jésus.
L’artiste s’affranchit de toute règle de proportion : les trois personnages composent la scène, agencée de manière très libre.
Leurs contours, comme ceux de l’architecture à l’arrière-plan, sont soulignés au pastel noir et sont à rapprocher de la composition d’un vitrail, dans lequel le plomb est omniprésent. Le bleu omniprésent (peut-être une référence à Chagall) concourt avec le noir à figurer une scène imaginaire, dont la transcription aux traits naïfs renvoie à l’enfance et à la féérie des contes et légendes.