Les deux diptyques avant leur fragmentation

Les quatre tablettes en ivoire d’éléphant étaient reliées deux à deux, d’où le terme de diptyque. La carte du ciel et le zodiaque étaient protégés par un système de couvercle à glissière.

De forme rectangulaire, chaque diptyque mesure 29 x 19 cm. Les dessins, gravés au ciseau et à la gouge dans l’ivoire, étaient rehaussés de couleurs qui ont été étudiées récemment par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Différents types d’éclairage (lumière visible, ultra-violet), ainsi que l’analyse chimique des pigments encore présents à la surface des tablettes, ont permis de caractériser les restes de la riche polychromie originale : rouge vermillon, noir de galène, jaune d’orpiment et feuilles d’or, en particulier au niveau des étoiles.

 De l’intérieur vers l’extérieur, on distingue :

  • Au centre : le soleil (SOL) à la coiffure radiée et la lune (LUNA) qui porte un croissant sur la tête ;
  • Première couronne : les 12 signes du zodiaque gréco-romain ;
  • Seconde couronne : lettres grecques indiquant le domaine des planètes ;
  • Troisième couronne : divinités égyptiennes symbolisant les 3 décans de chaque signe zodiacal ;
  • Quatrième couronne : nom en copte des 36 décans correspondant aux 12 signes du zodiaque ;
  • Aux angles, 4 créatures ailées, de style égyptisant, personnifient les Vents dans le ciel étoilé.

Cette carte céleste et zodiacale est issue d’une tradition savante hermétique, originaire vraisemblablement du milieu gréco-égyptien. Elle peut être mise en relation avec d’autres représentations similaires, notamment celles de Douch (oasis de Kharga). Contrastant avec la taille des représentations zodiacales de certains temples égyptiens - notamment le plafond du temple de Dendera conservé au musée du Louvre -, ces tablettes facilement transportables avaient vocation à voyager. Cependant, elles ne devaient être ouvertes que dans le cadre très restreint de la consultation astrologique et de la magie, approches complémentaires dans l’Antiquité. Comme aujourd’hui, on venait consulter l’astrologue pour connaître son destin, demander conseil, ou encore requérir une protection contre les maladies.

Les diptyques tels qu’ils ont été restaurés dans les années 1970 par Albert France-Lanord

À l’origine beaucoup plus claire, l’ivoire a subi une longue immersion dans l’eau et la marne argileuse qui l’a oxydé. Tel un puzzle de 188 pièces, les diptyques ont pu être reconstitués grâce au décor gravé. Les parties manquantes, soit 10 % de la superficie des tablettes et 24 % des couvercles, ont été restituées par des plaques de noyer dont la teinte est proche de celle de l’ivoire brunie. Les petites lacunes ont été comblées avec de la pâte à bois. À l’origine, des charnières, œilleton et crochet métallique d’argent, assuraient l’assemblage et la fermeture de chaque diptyque.

 

ABRY J.-H., Les Tablettes astrologiques de Grand (Vosges) et l'astrologie en Gaule romaine (Actes de la Table-Ronde de Lyon III, 1992) (CERGR, Lyon III, 12), 1993, 178 p.

NENNA M.-D., « De Douch (oasis de Kharga) à Grand (Vosges) : un disque en verre peint à représentations astrologiques », Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale, Institut français d'archéologie orientale, 2003, pp.355-376. http://www.ifao.egnet.net/bifao/103/18/

https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/le-zodiaque-de-dendera

Visuels : 1/3 Dessin des tablettes / M. NICOLE © Conseil départemental des Vosges ; 2/3 Les tablettes avant leur restauration © Conseil départemental des Vosges. Cl. Bernard Counot ; 3/3 Remontage des tablettes avant restauration © Conseil départemental des Vosges. Cl. Bernard Counot

tablette zodiacale ; diptyque
tablette zodiacale ; diptyque | tablette zodiacale ; diptyque